10.
Durant ces jours de froidure et d’averse
plus les vents secoueront les frondaisons
des peupliers et plus la pluie traverse-
ra nos habits de pluie – si nos raisons
d’aimer le jour font obstacle à la grâce
que la pluie de printemps, que le vent froid
égrène en litanie les saints de glace
tout le calendrier du désarroi !
si nous pouvions sortir, toi la première
à peine aurions-nous levé le rideau
de pluie qu’on marcherait dans la lumière
sans aucun souvenir de vent ni d’eau
pour autant saurions-nous ce qui nous creuse
l’âme et la rend à ce point douloureuse ?
11.
Les colzas sont en fleur et la campagne
vue du train répercute en clair écho
tous les verts du printemps… tu vois je gagne
la ville où tu n’es pas, n’aspirant qu’au
moment où je verrai ta silhouette
tout à coup déchirer le souvenir
– mais quand ? – presque aussitôt l’averse fouette
la vitre, et nous qu’allons-nous devenir
ainsi jetés de rire en lassitude
par la lumière et la pluie tour à tour ?
faut-il s’attendre à plus de solitude
encore, à de plus rigoureux parcours ?
vivrons-nous rien qui pourrait nous survivre
qu’un jour quelqu’un vienne ouvrir, comme un livre ?
12.
Il y a des bouts du monde où l’on se tient
– la profusion de son corps par exemple
le jardin où tu vis avec les tiens
les sapins de lisière en font un temple
où ta joie tend de douloureux décors
j’y retrouve en partie le paysage
que j’ai quitté pour entrer dans mon corps
en partie le dessin de ton visage
– même si pour moi seul tu abaissais
ton beau désir d’oiseaux jusqu’aux racines
des sapins, comment y aurais-je accès
quand ta voix monte et que mon chant s’abîme ?
et voudrais-tu m’élever jusqu’à toi
ne crains-tu pas de tomber avec moi ?
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10.
An Tagen voller Kälte und voll Regen
Durchschüttelt noch mehr Wind das Pappellaub;
Noch durchgeweichter von den Niederschlägen
Sind Regenmäntel uns – wenn mit Verlaub
Nicht lichtscheu wir der Gunst entgegentreten,
Dass Frühlingsschauer und der kalte Wind
Die Litanei der Eisheiligen beten,
Da die Kalender durcheinander sind!
Selbst wenn man – du zuerst – das Haus verließe,
Höbe man doch den Regenvorhang nicht
Und lustwandelte keiner Regengüsse
Und Winde eingedenk im Sonnenlicht.
Doch wüssten wir sonst, was die Seele quälte
Und sie uns derartig mit Leid aushöhlte?
11.
Der Raps blüht, und vom Zug aus wahrgenommen
Wirft das Land all sein Frühlingsgrün zurück
Als klares Echo… Sieh, zur Stadt gekommen
Bin ich, wo du nicht bist, den Augenblick
Ersehnend, da Erinnerung zerrissen,
Sobald dein Umriss mir vor Augen steht
– Doch wann? Jäh wird das Glas von Regengüssen
Gepeitscht; wie es wohl mit uns weitergeht,
Verfällt man abwechselnd durch Licht und Regen
Derart vom Lachen in den Überdruss?
Ob man noch Härteres auf seinen Wegen
Und noch mehr Einsamkeit durchstehen muss?
Erlebt man nichts, was einen überlebte
Was jemand einst als Buch zu öffnen strebte?
12.
Weltteile gibt es, wo man heimisch ist
– Zum Beispiel seinen Leib in ganzer Breite,
Den Garten, wo du mit den Deinen bist,
Ein Tempel durch die Fichten an der Seite.
Wo deine Freude sich mit Schmerzen ziert,
Seh’ ich zum Teil die Landschaft vor mir liegen,
Die ich beim Weg in meinen Leib quittiert,
Zum Teil auch dein Gesicht mit seinen Zügen.
– Und reduziertest du allein für mich
Von Vögeln bis zum Wurzelwerk der Fichten
Dein schönes Wünschen, fände Zugang ich,
Versenkst mit lauter Stimme du mein Dichten?
Und wenn du mich zu dir erheben willst,
Fürchtest du etwa, dass du mit mir fielst?
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